Marisol Touraine veut renforcer le rôle des pharmaciens en EHPAD
La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes veut confier de nouvelles missions de santé publique aux pharmaciens, notamment la prévention de la iatrogénie médicamenteuse chez les personnes âgées en Ehpad. C’est ce qu’a annoncé le directeur général de l’offre de soins (DGOS), Jean Debeaupuis, le 18 octobre à Reims, au 68ème Congrès national des pharmaciens.
Des pharmaciens davantage présents en Ehpad? En tout cas, les pouvoirs publics travaillent à l’élargissement de leurs tâches. Le directeur général de l’offre de soins, Jean Debeaupuis, a ainsi expliqué, lors du Congrès national des pharmaciens à Reims, que le ministère de la santé était, comme la Haute autorité de santé (HAS), favorable à l’intervention des pharmaciens dans la prévention des effets indésirables des médicaments chez les personnes âgées polymédiquées.
Selon le DGOS, la préparation des doses administrées (PDA) a par ailleurs été identifiée dans un rapport de l’Académie de pharmacie comme un moyen potentiel d’améliorer l’observance et de réduire le risque de iatrogénie en Ehpad. « Ses indications, les conditions de sa faisabilité et de sa sécurité, tant en officine qu’en PUI [pharmacie à usage intérieur], restent à définir dans une concertation qui est ouverte avec tous les opérateurs de la chaîne du médicament. Des expérimentations ciblées accompagneront cette concertation », a annoncé Jean Debeaupuis.
Rappelons que début juin, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), un syndicat de pharmaciens d’officine, avait présenté un livre blanc afin de renforcer le rôle de ces derniers dans le circuit du médicament en institution.
Si la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de juillet 2009 a inclus la PDA dans les nouvelles missions du pharmacien, plusieurs ministres de la santé appartenant à la précédente majorité gouvernementale avaient annoncé la publication des décrets et arrêtés relatifs à cette activité, sans qu’elle n’intervienne dans les faits. Les travaux ont repris en 2013, mais rien n’a encore abouti.
Des missions d’accompagnement
Quoi qu’il en soit, le directeur général de l’organisation des soins a indiqué devant les pharmaciens le 18 octobre qu' »à ces missions devront correspondre une simplification des procédures de facturation et la négociation d’honoraires appropriés. Ces honoraires devront répondre à un double objectif: assurer l’avenir des officines, mais aussi soutenir des actions participant à une meilleure organisation et à une meilleure efficience de l’offre de soins », a-t-il déclaré.
La loi HPST, puis la convention pharmaceutique de 2012, ont prévu de confier aux officinaux des missions d’accompagnement qui se sont concrétisées par le lancement d’entretiens pharmaceutiques pour les patients sous antivitamine K (AVK) en juin 2013 et dans l’asthme en décembre 2014.
Des négociations vont s’ouvrir début novembre sur l’évolution de ces entretiens, en parallèle de discussions sur la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) pour la substitution générique.
Lors du congrès, le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam), Nicolas Revel, a réaffirmé son souhait de réfléchir à élargir les missions des officinaux à l’accompagnement des personnes âgées et à la lutte contre la iatrogénie médicamenteuse.
« Conciliation médicamenteuse » en lien avec « les médecins »
Les pharmaciens ont « vocation » à intervenir dans la prise en charge des personnes âgées « dans une articulation à préciser avec les médecins », avait-il déjà estimé le 9 octobre lors des huitièmes Rencontres de l’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (Uspo). « Notre priorité est aussi la prise en charge de la personne âgée, pour faire de la conciliation médicamenteuse avec les médecins », avait-il poursuivi.
« C’est un sujet sur lequel je suis désireux de travailler mais en n’étant pas convaincu, à l’heure où je vous parle, que nous serons mûrs pour le faire adopter » dans le cadre de la négociation qui doit s’engager d’ici la fin de l’année sur l’évolution de ROSP, avait-il néanmoins nuancé.
« Non pas que je ne souhaite pas le faire aboutir, mais je pense qu’à un moment donné, il faut qu’on ait, dans un cadre qui soit interprofessionnel […], une vision partagée sur qui fait quoi », avait-il commenté.
Source : « Personnes âgées: Marisol Touraine veut renforcer le rôle des pharmaciens en Ehpad », par Guillaume Bietry. Article publié le 27/10/2015 dans gerontonews.