La régénération du cœur à portée de main
Depuis une quinzaine d’années, des chercheurs travaillent sur l’idée d’utiliser des cellules pour traiter les maladies cardiaques. Il est vrai que pour le moment, ces cellules ne parviennent pas encore à régénérer entièrement le cœur, mais les résultats restent tout de même prometteurs.
L’une des questions que l’on pourrait se poser est : pourquoi fabriquer du tissu cardiaque sachant qu’une greffe peut avoir les mêmes résultats ?
Pour pouvoir répondre à cette question, il est important selon moi de revenir sur les réels effets d’un infarctus. L’infarctus a pour effet d’endommager des cellules importantes au bon fonctionnement du cœur. Lors de l’infarctus, le cœur n’est plus correctement irrigué. Les nombreuses cellules qui le constituent ne sont donc plus correctement oxygénées et elles finissent par mourir.
La mort de ces cellules empêche le cœur de se contracter correctement. Ainsi, même si l’infarctus est traité à temps, le muscle cardiaque n’est déjà plus capable de remplir correctement son rôle de pompe, rendant tout effort beaucoup plus difficile.
Plus que de transplanter un nouveau cœur qui, rappelons-le, n’est pas une intervention de routine, des scientifiques ont eu l’idée de remplacer les cellules mortes par des cellules neuves.
Pour ce type d’opération, ils utilisent des cellules particulières, c’est-à-dire des cellules souches capables de se multiplier et de se transformer en n’importe quel type de cellule.
La première greffe de ce type a été réalisée, il y a aujourd’hui un peu plus de douze ans sur un homme de 72 ans par le professeur Philippe Menasché, à l’hôpital européen Georges-Pompidou.
D’autres équipes ont choisi de reproduire l’opération avec d’autres procédés. Par exemple, il y a eu le docteur Patricia Lemarchand, à l’institut du Thorax de Nantes et le professeur Jérôme Roncalli du CHU de Toulouse qui se sont appuyés pour cette nouvelle expérimentation de cellules souches issues de moelle osseuse.
Tout récemment, une équipe de chercheurs américains a injecté à une vingtaine de malades victimes de crises cardiaques des cellules souches issues de leurs propres cœurs.
Aujourd’hui, une seule expérimentation c’est révélée réellement efficace. Il s’agit de celle de nos voisins outre-Atlantique. Avec cette expérimentation, la zone de tissu mort a été diminuée de moitié un an après le traitement.
Toutefois, la greffe cellulaire se heurte aujourd’hui à un obstacle majeur qui est le temps.
En effet, dans les premiers jours qui suivent l’opération, 90 % des cellules souches meurent avant même de se rendre utile. L’autre problème de taille est que lorsqu’elles ne meurent pas, elles n’occupent pas le rôle tant désiré. Elles se transforment en ce qu’on peut appeler des cellules de soutien. Du coup, la capacité de pompage du cœur n’est finalement pas améliorée.
Une hypothèse a été émise pour expliquer ce phénomène, le muscle cardiaque fonctionne avec 30 % de cellules qui se contractent les autres jouent juste le rôle de soutien. Il est donc envisageable que les cellules greffées se transforment en cellule de soutien.
Pour contourner ce problème, des chercheurs étudient plusieurs pistes. La première consiste à injecter les cellules souches enveloppées dans une sorte de membrane constituée de cellules nourricières pour éviter que les cellules souches ne périssent avant de rentrer en piste.
La seconde est de travailler sur des cellules souches dites plus malléables, et donc plus aptes à se transformer en cellule qui se contracte.
Aujourd’hui dans le cadre de la France, l’enjeu est de taille. On compte 120 000 nouveaux cas d’insuffisance cardiaque, dont 70 % à la suite d’infarctus.